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Vide de…

Dans vos photographies le territoire paraît sans limites. Que vous inspirent les frontières ?

Une frontière permet de délimiter un territoire, d’en faire un pays, d’y voir naître un État et la notion de propriété qui en découle. Cette notion divisera toujours les êtres humains. Je souhaite montrer l’inverse, pouvoir transmettre la sensation d’une liberté totale.

Nulle place à « la main de l’homme » dans ce travail. Pourquoi ?

Peut-être pour imager ce que pourrait être le monde de demain si nous n’en prenons pas soin aujourd’hui. Un monde où la nature aura repris ses droits et où seules les constructions porteront la mémoire d’une espèce humaine disparue.

Comment l’idée de cette série vous est-elle venue et pourquoi ?

Je voulais que la nature soit le « personnage » principal de la série. Montrer à quel point « ce personnage » porte la liberté et l’infinité en lui.

L’appel à participation portait sur les territoires, les inégalités. Si le jury a trouvé que votre travail y faisait écho, pourriez-vous nous expliquer votre choix ?

Ce travail est volontairement un travail sans « l’homme », l’infinité désertée montrée par les photographies est peut-être celle que nous connaitrons demain quand l’homme, à force d’excès, aura, par exemple, sinistré des régions entières qu’il aura rendues inhabitables.

Quelle perception avez–vous du monde qui vous entoure ?

Je le perçois comme consumériste et capitaliste à la fois, perdu dans une course folle où l’argent est symbole de pouvoir.

Vos paysages semblent disparaître dans la brume. Que souhaitez-vous montrer à travers le contraste N&B ?

Une forme de sérénité propre à la nature.

Vous photographiez beaucoup l’architecture. Hasard ou choix ?

J’ai commencé à faires des photos d’architectures il y a deux ans. C’est un domaine dans lequel je m’exprime pleinement. J’y retrouve une forme de sérénité, d’intemporalité que l’on retrouve également dans la nature.

Qu’est-ce qu’un photographe au XXIème siècle ?

Un observateur, un créateur, un témoin, un artiste.

Quelle est la part de post traitement dans ce travail ?

Chaque photographie est retravaillée avec Photoshop et Lightroom. Je fais des aplats de blanc et de noir très contrastés.

Comment imaginez-vous la photo de demain ?

J’imagine une photographie sans limite, représentant nos sociétés et nos singularités, peut-être sous forme d’hologrammes ou d’autres types de projections.

Vos photographies sont-elles une quête de pureté ?

Exactement. Une pureté que je recherche à travers un rendu pictural particulier évoquant des estampes japonaises.

 La couleur vous semble-t-elle tromper le regard ?

J’affectionne particulièrement le noir et blanc pour l’ambiance créée, mais je travaille régulièrement en couleur pour des commandes de clients ou des projets personnels.

Quelle est la part du rêve dans votre œuvre ?

Plus que de rêve, je parlerais d’onirisme, ce travail est une réflexion plus qu’une rêverie sur un possible devenir de l’humanité si elle ne prend pas conscience de la fragilité de l’écosystème dans lequel elle évolue.

Le rôle de la photographie est-il, pour vous, de montrer l’invisible ?

Un des rôles du photographe est peut-être de montrer ce que l’on ne voit pas ou que le temps ne nous laisse pas deviner. L’image arrêtée permet autant une observation qu’une réflexion sur un sujet montré.

La liberté est-elle pour vous synonyme de solitude ?

Qu’entendez-vous par liberté ? Si je pense à la liberté de circuler ou d’être par exemple, non, je ne crois pas que la liberté soit synonyme de solitude. Par contre, la solitude est peut-être un choix qu’offre la liberté.

« La Nature a horreur du vide ». Dans quelle mesure vous opposez-vous à cette maxime ?

Je ne m’y oppose pas, mon travail peut être interprété comme une ode « au vide », paysages déserts, ciels uniformes laissant à penser que l’espace est sans limite, vide… empli de son existence.

L’homme pourrait-il trouver une place dans le monde tel que vous le montrez ?

L’homme a toujours existé au sein de ce monde et c’est finalement lui qui s’en est extrait. C’est ce que je tente de montrer dans cette série en opposant des photos d’architecture à des photos de nature.

Quels sentiments ou quelles impressions voudriez-vous susciter chez vos spectateurs ?

Une contemplation tout autant qu’une réflexion. Ces photographies sont pour la majorité sans frontières, elles invitent le spectateur autant qu’elles le happent. J’aimerais que ce temps d’arrêt permette une prise de conscience. Si la nature n’a pas besoin de l’homme pour vivre, l’inverse est faux, respectons-la.

L’Art doit-il, selon vous, briser les schémas établis ?

C’est certainement le rôle premier de toute création que de repousser ou interroger des schémas ou perceptions établis.  Sans cette notion, je ne crois pas qu’une action soit créatrice.